Femmes fortes?
Dans l'un des articles de ce blog, j'ai évoqué le fait que les femmes sont des êtres inférieurs dans l'organisation de Mata Amritanandamayi. On pourrait croire que j'exagère et pourtant de temps à autre une voix s'élève pour confirmer ces propos. Voici par exemple la traduction de ce que raconte un français qui a vécu à Amritapuri de 1990 à 1994. Il a trouvé une façon assez originale de lutter à sa manière et à son niveau contre la discrimination.
Il commence par citer un extrait du livre Holy Hell de Gail Tredwell. Elle y précise qu'on la surnommait "madama" à l'ashram. C'était une façon péjorative de lui rappeler qu'elle était occidentale donc ignorante des traditions indiennes.
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Gayatri dit : "en dépit du fait qu'Amma, chef de l'ashram, était une femme, l'ashram était très patriarchal. La hiérarchie masculine avait été fermement mise en place par Amma elle-même. Bien que j'étais chef du groupe féminin et que j'étais l'assistante personnelle d'Amma, j'ai souvent eu à faire face à la résistance des membres du sexe opposé. Dans ces moments là, j'étais contente d'être une "madama", ce qui me permettait de dire le fond de ma pensée et de m'en tenir à ce que j'estimais être juste." (p. 230)
En fait, j'ai été très vite dégoûté par la façon dont les femmes indiennes sont traitées par la communauté. Il était évident que les hommes avaient tous les privilèges du fait de leur proximité avec Amma. Les gopis de l'ashram indien étaient totalement conscientes de cette injustice. L'une d'elles a dit un jour : "c'est un bon karma de se réincarner en Inde... sauf pour les femmes!" Tandis que les brahmacharis hommes passaient leur temps à se pavaner dans l'ashram comme des coqs, ou à lire des bandes dessinées dans leur hutte (prétendant ainsi méditer), les femmes travaillaient dur.
En ces temps là je faisais du bénévolat avec un français d'origine indienne. Appelons le "Bhima". Bhima était farouche et travaillait dur. Amma l'aimait beaucoup. A cause de son statut, français et indien, il était à part dans l'ashram. On est vite devenus bons amis et malgré son caractère grognon, j'appréciais sa compagnie. Il faisait souvent du bénévolat avec les brahmacharis indiens (des fois ils devaient travailler!) et il leur parlait durement devant les femmes, il les traitait de "gens paresseux" etc. En fait Bhima était choqué comme moi par la condition de la femme indienne. Bhima et moi étions chargés de servir la nourriture à la cantine indienne. Parfois on décidait de jouer un tour aux brahmacharis. La nourriture de la cantine indienne était basique et insipide. C'était du riz rond (pas basmati!) et du sambar (soupe de légumes). Mais parfois il y avait un petit "plus"... c'était les pappadam! Le pappadam était l'ingrédient qui rendait la nourriture meilleure. A cause de leur position, les mâles entraient dans la cantine avant les femmes. Les filles devaient attendre! Alors Bhima et moi décidions souvent de cacher les pappadam pendant qu'on servait les coqs. Ensuite lorsque les gopis venaient on leur donnait deux pappadam au lieu d'un. Comme ils mangeaient dans des lieux séparés, les hommes n'ont jamais vu ce qui se passait.
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