Gail Tredwell s'explique

Après sa première intervention sur le forum examma, Gail Tredwell a été interviewée par le journal Rolling Stone. L'article est paru en août 2012. Elle y explique qu'elle vit à Hawaï et écrit actuellement un livre dont le titre provisoire est "Pour l'Amour de Dieu: Un Mémoire de Foi, de Dévotion et de Pure Folie". Elle parle couramment le malayalam, la langue maternelle d'Amma, et en tant que première dévote, elle a vu son évolution.

Elle raconte ainsi qu'au fur et à mesure que sa popularité augmentait, elle devenait de plus en plus irritable en privé au point de devenir une autre personne. Un  jour où Gail a fait une erreur en cuisinant du riz, Amma l'a tirée par les cheveux, mise à terre et lui a donné un coup de pied. Après de longues et douloureuses années d'hésitations, elle a finit par s'enfuir en se cachant sous une couverture, sur la banquette arrière d'une voiture.

Elle dit aussi que les gens veulent réellement croire qu'il y a un sauveur en Amma et que cette croyance est très euphorisante. Les dévots s'imaginent que tout ce qu'ils ressentent vient d'Amma alors que l'énergie et l'euphorie qu'ils perçoivent provient d'eux-mêmes.

Suite à la parution de l'article, Gail a jugé opportun de s'expliquer un peu plus. Elle donne plusieurs exemples d'injustices qui l'ont choquée. Ainsi lorsque la famille d'Amma a brusquement commencé à construire de superbes villas le long de la rivière, les dévots indiens se sont posé des questions. Lorsqu'elle a eu vent de ces rumeurs, Amma a organisé une réunion de tout l'ashram au cours de laquelle il a été dit que cette soudaine fortune venait de l'extraordinaire prospérité de l'activité de pêcheur de son père. Gail s'est sentie pleine de honte puisqu'elle était secrètement chargée de remettre des sommes d'argent importante à la famille, tandis que les résidents de l'ashram vivaient dans de mauvaises conditions.

Elle évoque également le cas de Suneeti (Bri. Nirmalamrita), qui suite à une erreur de diagnostique à l'hôpital AIMS a dû rentrer aux USA pour y apprendre qu'elle avait un cancer du colon. Elle se retrouvait tout d'un coup seule et sans assurance maladie. Une américaine nommée Lola a proposé de payer gracieusement les soins nécessaires mais Amma a refusé. Gail se dit révoltée par l'hypocrisie de la situation car une rumeur circulait dans l'ashram disant qu'Amma était tellement triste pour Suneeti qu'elle dormait avec une photo d'elle sous son oreiller.

Au sujet de la maltraitance physique, elle explique qu'au début c'était juste une petite tape par-ci par-là. Amma disait en riant qu'elle frappait uniquement les personnes proches d'elle. Mais avec l'affluence grandissante son humeur devenait de plus en plus imprévisible. Elle frappait, giflait, donnait des coups de pieds, des coups de poing, la tirait par les cheveux. Vers la fin elle attrapait Gail par la gorge et enfonçait ses ongles, parfois jusqu'au sang. Gail ne pouvait plus mettre ça sur le compte du guru bienveillant qui détruit les péchés de son disciple, elle y voyait plutôt les actes d'une personne dure, instable et agressive.

Selon elle, d'autres personnes ont subi ce genre de traitements. Un jour notamment une indienne était à genoux devant le lit d'Amma en train de lui masser les jambes. Elle a fait une erreur. Soudainement Amma lui a donné un coup de pied tellement violent qu'elle lui a cassé une côte. Gail conclut en disant qu'elle est partie car elle ne pouvait plus supporter les mauvais traitements, ni de vivre avec une personne qui fait le contraire de ce qu'elle prêche, ni d'être la complice de ce dont elle était témoin.

Bouleversant. Est-ce vrai? Si c'est le cas alors d'autres personnes ont sûrement vu les mêmes choses, vécu les mêmes choses mais n'osent pas en parler. Pourquoi Gail mentirait elle 12 ans plus tard, au risque de se prendre un procès pour diffamation? Vu la force de frappe financière d'Amma, vu le nombre de bénévoles et leur dévouement aveugle, elle peut lever une armée d'avocats.

Le livre de Gail est actuellement disponible à la vente sur internet. Son récit me semble terriblement crédible car il me rappelle fortement ce que j'ai vécu en Afrique de l'ouest. Ce genre de comportement peut paraître surprenant d'un point de vue occidental mais c'est une banalité dans certaines cultures, je ne serais pas surprise que ce le soit également le cas en Inde. Parfois en regardant Amma, j'avais l'impression d'être en présence d'une paysanne sortie tout droit du village de mes grand-parents. Avec le témoignage de Gail, la ressemblance est plus que frappante.

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