Les véritables artisans d'ETW
Il était une fois une fille de pauvre pêcheur qui était si habile qu'elle construisit un empire religieux et caritatif international. Elle a arrêté l'école au primaire et pourtant elle est tellement douée que son ascension a été irrésistible. Quelle histoire incroyable!
Incroyable en effet.
En réalité, cet empire a été construit par des professionnels de l'économie. Voici la liste des fondateurs du Mata Amritanandamayi Math qui a été rebaptisé Embracing the world en 2009. Cet inventaire est loin d'être exhaustif, car ceux qui ont quitté l'organisation en cours de route par écoeurement, ont été effacés de la mémoire de l'organisation, quelle que soit l'importance de leur contribution.
Swami Amritaswarupananda (Balu), le véritable fondateur
Voici comment il raconte lui-même la création du Mata Amritanandamayi Math, dans une interview datant de 2011, parue dans le journal Sunday MiD DAY :
« Lorsque j'étais jeune, je n'étais intéressé que par le cinéma et le chant et je n'ai jamais accordé beaucoup d'attention aux études. Bien sûr, après mes examens j'ai réalisé que j'étais dans le pétrin », dit Amritaswarupananda dans une interview accordé à Sunday MiD DAY.
« J'ai rendu visite à Amma, qui recevait les visiteurs à son domicile pour les conseiller. Dès que je l'ai rencontrée, ma vision de la vie changé », dit Amritaswarupananda.
Avec cinq camarades d'université, qui ont été également inspirés par Amma, il a créé le Mata Amritanandamayi Math en 1981 et l'a déclaré comme un organisme de bienfaisance. Ils ont tenu le rôle d'administrateur, avec Amma en tant que présidente et fondatrice. Ceci est restée inchangée, même si le nombre d'organisations dirigées par la compagnie n'a cessé de croître.
La compagnie gère des centres de méditation, des groupes de satsang, des écoles médicales, des hôpitaux, des centres ayurvédiques, des instituts de technologie et d'informatique et des écoles secondaires supérieures, en plus d'un ashram tentaculaire qui abrite 3 000 résidents permanents, à Parayakadavu, qui a été renommé Amritapuri.
Amritaswarupananda, qui est le numéro deux de l'organisation après Amma, dit que tous les administrateurs ont les pouvoirs signataires, mais Amma prend chaque grande décision.
Notons un détail important. Dans son livre Holy Hell, Gail Tredwell affirme que Balu et Amma avaient des relations sexuelles assez fréquemment. Donc lorsqu'il dit que sa première rencontre avec Amma a changé sa vie, est-ce qu'il parle d'une subite révélation spirituelle ou bien d'un coup de foudre? S'il est tombé amoureux d'elle dès le premier regard, remarquons que le mariage était absolument impossible. En inde, une fille de pêcheur ne peut pas épouser un jeune homme de bonne famille. Par contre, devenir le disciple d'une sainte est une projet de vie assez prestigieux. S'il a eu le coup de foudre pour Amma alors la création du M.A. Math aurait pu être le meilleur moyen pour eux de rester ensemble sans provoquer de scandale.
L'article dit également qu'il a obtenu son diplôme d'économie en 1979. Ce sont donc probablement ses connaissances en la matière qui ont permis la création et le développement de l'organisation. Visiblement Amma donne son avis sur la marche à suivre mais ce sont certainement les 6 économistes qui créent les sociétés et qui décident des stratégies financières et marketing.
Au fait, on connaît la présidente de l'organisation ainsi que le véritable fondateur mais qui sont les 5 autres hommes, les 5 économistes qui possèdent et administrent tout autant l'organisation? Mystère.
Ronald Gottsegen, le promoteur
Amma n'était qu'une aspirante guru comme des dizaines d'autres jeunes femmes en Inde. Sa rencontre avec Neal Rosner a tout changé. Ce jeune homme issu d'une grande famille de millionnaires californiens est par la suite devenu Swami Paramatmananda.
Parmi les membres de sa famille se trouve Ron Gottsegen. Il possède une immense propriété à San Ramon. Il a créé l'association Mata Amritanandamayi Center (MA Center) en Amérique. Il a ensuite construit un ashram sur son terrain, à quelques pas de sa maison. Ce lieu est ainsi devenu le premier centre Amma hors d'Inde.
Le MA Center de Californie est le propriétaire légal des marques déposées Amma®, Ammachi®, IAM®, Embracing The World®, Amrita® et Green Friends®. Il possède aussi le logo d'Amma qui représente de façon stylisée une mère et son enfant. Il a également déposé le logo d'Amritapuri et sa devise en sanscrit. Toutes ces marques commerciales que l'on croit être des créations d'Amma sont en réalité des propriétés américaines.
Ron Gottsegen a également fondé une association humanitaire spécialement dédiée au domaine de la santé. C'est ainsi que The AIMS Project (Le Projet AIMS) a vu le jour en Californie en 1995, 3 ans avant la mise en service de l'hopital AIMS en Inde. Quelle coincidence! Surtout lorsqu'on sait que Ron Gottsegen est également l'administrateur de l'hôpital AIMS depuis sa création.
Bref visiblement cet homme a beaucoup contribué à l'internationalisation et à l'industrialisation du système Amma.
Rob Sidon, le chargé de communication
Une entreprise ambitieuse a besoin d'un plan media digne de ce nom. Qui s'est chargé du développement de l'image d'Amma à l'international? Réponse : Rob Sidon. Son CV est disponible en ligne car il gère une entreprise de conseil pour les entreprises à caractère social (durable, spirituel, éthique...). Il est entre autre le directeur de Common Ground, le journal qui fait la pluie et le beau temps dans le monde new age depuis 40 ans. Ce poste est bien pratique car la tournée américaine d'Amma est abondamment promotionnée dans ce magazine.
Grâce au CV, on apprend qu'avant de faire du social, il était employé par Walt Disney. Il a ainsi été directeur de divers départements à EuroDisney en France de 1991 à 1998. À partir de 1998, suite à un grave accident de moto, il s'occupe du plan communication d'Amma en tant que consultant indépendant. Voici la traduction de ce qu'il dit lui-même avoir fait pour elle :
- Réalisation d'une couverture de presse de classe mondiale pour "Amma", (rare figure humanitaire comparable à Gandhi et Mère Teresa) dans les medias de prestige internationaux.
- Négociation de l'attribution du prix Gandhi-King pour la non-violence, une récompense donnée seulement à Kofi Annan, Nelson Mandela, et le Dr Jane Goodall. Organisation de la participation au Sommet du Millénaire des Nations Unies Initiative de la paix et de la paix mondiale pour les religieuses et les dirigeants spirituels à l'ONU.
- Conseiller clé pour une organisation humanitaire
Ainsi donc, c'est lui le forgeron de l'image de "grande figure de l'humanitaire" qu'Amma exhibe maintenant un peu partout. Comment fait-on pour négocier un prix Gandhi-King? Qu'est-ce qu'on donne en échange?
Sur le site internet de sa société, il ajoute un autre volet à son surprenant cursus :
Depuis 1998, High Ground Consulting a servi de lien pour la communication d'Amma et de sa mission charitable, visant à alléger la souffrance humaine. Des centaines d'histoires de presse exceptionnelles ont été générées localement, nationalement et internationalement.
En quoi consiste la génération d'histoires de presse exceptionnelles? Il est vrai que lorsqu'on cherche son nom sur internet, on peut trouver des interview où Rob Sidon affirme avoir assisté à des événements quasi-miraculeux. Par exemple il prétend avoir vu des chiens enragés s'asseoir paisiblement auprès d'Amma.
Visiblement cet homme est aussi l'artisan de l'image de "Sainte" à l'international et probablement l'un des plus grands colporteurs de miracles invérifiables.
Ces 3 personnages sont les véritables clés du "miraculeux" succès d'Amma. En regardant en détail, on trouve beaucoup d'autres personnages secondaires, comme par exemple Karen "Sneha" Moawad qui possède aussi une société de conseil à destination des entreprises. On peut également citer Kelly Cutrone, la publicitaire de mode très célèbre au Canada, qui fait activement sa promotion dans le milieu du show business.
En France la couverture media d'Amma est essentiellement assurée par Manuel Collas de la Roche, le producteur du film Darshan. Il faut croire qu'il a pignon sur rue parce que les films qu'il produit sont régulièrement présentés à Cannes. On s'imagine souvent que le film Darshan s'est retrouvé à Cannes par la grâce du saint esprit alors qu'il s'agit d'un sérieux travail de communication mené en coulisse par des personnes riches et influentes.
Lorsqu'on voit leurs parcours et leurs qualifications, on comprend vite que la réussite de la modeste fille de pêcheur n'est pas si incroyable que ça. Cette entreprise est le résultat de la collaboration de professionnels de la mondialisation. Ils utilisent les mêmes moyens que n'importe quelle entreprise à caractère international, la croissance du groupe obéit donc aux lois de l'économie mondiale. Sauf qu'au lieu de vendre des biens et des services, ils vendent de la spiritualité industrielle.