La vraie signification du mot "Amma"
J'entends beaucoup de gens dire que le mot "Amma" revêt pour eux une importance sacrée. Il représente la mère divine universelle, un concept spirituel qui peut être présent en toute chose et donc à l'intérieur d'un être humain. C'est bien joli tout ça mais rappelons tout de même qu'à la base, ce mot provient d'Inde.
Les indiens se servent de ce mot pour appeler leur génitrice. "Amma" signifie "maman" tout simplement. Pour appeler leur père ils disent "Appa", qui évidemment signifie "papa". Ma première surprise est de constater que le mot "Amma" est très répandu dans les pays occidentaux alors que quasiment personne ne connaît "Appa". Pourquoi? Ma seconde surprise est de constater que s'il existe un principe de mère divine nommé "Amma", par contre il n'existe pas de principe de père divin nommé "Appa". Pourquoi? Quelque chose ne va pas dans cette histoire.
Au lieu de laisser libre cours à l'imagination et de tourner en rond inutilement à la recherche d'une hypothétique explication, pourquoi ne pas observer l'usage réel que les indiens font de ce mot?
C'est en faisant ces recherches que j'ai eu l'immense surprise de tomber sur ces 4 femmes : Behenji, Amma, Didi et Aunty. Qui sont-elles? Ce sont des femmes politiques! Leurs surnoms sont assez surprenants :
- Behenji : soeurette
- Amma : maman
- Didi : grande soeur
- Aunty : tantine
Surprenant en effet. Elles occupent des postes importants dans le gouvernement actuel en Inde. La culture indienne est vraiment à l'opposé de la culture occidentale. Qui pourrait interpeller Marine Le Pen en pleine conférence de presse en disant "tantine"? Est-ce que les adhérents du PS s'adressent à Martine Aubry en s'écriant "grande soeur"? Est-ce que les membres du FMI appellent Christine Lagarde "Maman" lorsqu'ils tiennent conseil? Qui se rappelle avoir entendu les fonctionnaires du gouvernement appeler Nathalie Kosciusko-Morizet "soeurette" lorsqu'elle réunissait son cabinet?
Pourtant ces femmes indiennes, politiciennes de longue date ont de vrais noms et prénoms à l'état civil :
- Soeurette Kumari Mayawati : ministre de l'état d'Uttar Pradesh
- Maman Jayalalithaa Jayaram : ministre de l'état du Tamil Nadu
- Grande soeur Mamata Banerjee : ministre de l'état du Bengal Ouest
- Tantine Sheila Dikshit : gouverneuse de l'état du Kerala, plus ancienne femme politicienne d'Inde
Elle sont toutes les 4 membres du parlement indien. Surnommer ainsi des femmes de pouvoir est d'une banalité affligeante en Inde mais uniquement pour les femmes, surtout pas pour les hommes! Vous pouvez chercher "Appa" sur internet, pas un seul politicien n'est affublé d'un tel sobriquet. Pareil pour les saints hommes de l'hindouisme, aucun n'est surnommé aussi familièrement.
Les femmes qui réussissent à grimper les échelons de la politique, de l'économie ou de la religion se voient souvent affublées de surnoms familiaux pour ne pas dire familiers. Visiblement, appeler une femme "Amma" n'a absolument pas de valeur divine en Inde. C'est tout simplement une façon de rappeler que la femme n'a de valeur que lorsqu'elle joue un rôle familial.
Plus surprenant encore, je viens de découvrir un nouveau sens pour ce mot. En médecine ayurvédique "amma" signifie "toxine". Le mot "amma" désigne les toxines physiques, émotionnelles et mentales. L'article précise même : "Si quelqu'un se sent très triste ou vraiment déprimé, c'est aussi de l'amma et ça va affecter le corps". Cela pose vraiment une question intriguante. Si "Amma" désignait vraiment un concept divin, est-ce que les sages indiens se seraient amusés à utiliser le même mot pour nommer des toxines? Ne serait-ce pas un blasphème?
J'ai vécu une partie de ma vie en Afrique de l'Ouest. Là bas aussi, il est de coutume de donner des surnoms familiaux aux personnes pour marquer l'amitié ou le respect. On peut ainsi voir des personnes sans aucun lien de parenté s'appeler mutuellement "maman", "tante", "soeur". Mais il y a 2 nuances. Tout d'abord, ce traitement n'est pas réservé qu'aux femmes. Les hommes aussi s'appellent mutuellement "papa", "oncle", "frère". Ensuite dans le cadre de la vie publique, comme par exemple dans les médias, les personnes sont appelées par leur nom complet. L'utilisation de surnoms familiaux dans ce cadre est exceptionnelle et là encore, les hommes sont logés à la même enseigne que les femmes.
Si les hommes comme les femmes étaient surnommés de la même manière en Inde, je pourrais supposer que cette culture est très axée sur la chaleur émotionnelle et l'affectivité familiale. Mais le fait que seules les femmes aient droit à ce traitement spécial me fait plutôt penser à une coutume patriarcale, qui tend à réduire la femme à son seul rôle familial lorsqu'elle acquiert un certain pouvoir.
Vu son succès éclatant, Sudhamani Idamanel a logiquement hérité d'un surnom familial, tout comme des centaines d'autres femmes qui ont prospéré dans la religion, l'économie ou la politique. Ensuite la propagande mondialiste de Mata Amritanandamayi a donné une nouvelle définition à ce mot, un sens divin qu'il n'a jamais eu en Inde. Force est de constater que cette définition artificielle n'existe qu'en occident, dans l'imaginaire des dévots affamés de spiritualité.