L'énergie empoisonnée
Pendant tout le temps où j'ai fait partie de l'organisation d'Amma, mon niveau d'énergie a baissé de façon constante au fil des années, comme si elle était drainée, même lorsque je ne faisais rien, même lorsque je passais plusieurs mois sans aller au centre Amma France. Au bout d'un moment, j'étais dans un état d'épuisement tel que j'avais envie de mettre fin à mes jours. Mes finances, ma santé, ma situation professionnelle, mes relations familiales et sociales, l'envie de vivre... tout s'est effondré petit à petit.
Lorsque que je suis partie, tout s'est calmé. Mais j'avais l'impression d'être laminée, lessivée, destructurée. J'ai mis environ 2 ans à retrouver une certaine vitalité mais quelque chose d'indéfinissable est cassé en moi, comme si j'avais des séquelles impossible à identifier. Que s'est-il passé?
Il serait stupide de penser que nous sommes des îles désertes isolées les unes des autres. Quelque chose de concret relie les personnes qui se connaissent de près ou de loin. Il existe tout un tas de faits, souvent accidentels, qui mettent ce phénomène en évidence.
Nous faisons ainsi partie de plusieurs réseaux qui s'interconnectent grâce à nous. Nous avons un réseau professionnel, un réseau familial, un réseau amical. Si nous adhérons à une association, nous avons aussi un réseau associatif. Si nous avons une pratique religieuse ou spirituelle, nous avons aussi un réseau confessionnel. J'appelle arbitrairement "énergie" la chose qui circule à travers ces différents réseaux. L'énergie coule donc dans ces réseaux humains, tout comme l'eau dans un réseau de canalisations.
Grâce à moi, l'énergie qui coule dans l'un de mes réseaux se déverse partiellement dans les autres réseaux, car je suis le lien entre eux. Nous sommes à la fois les carrefours et les maillons de nos réseaux. Les maillons fournissent leur propre énergie pour alimenter le réseau. Les membres d'un même réseau s'alimentent ainsi mutuellement. Donc l'énergie qui circule dépend de la taille du réseau, de la force des liens qui unissent les maillons, du degré d'ouverture ou de fermeture de chaque maillon. En effet, si je suis un carrefour, je peux décider d'ouvrir ou de fermer telle vanne ou telle autre, de sorte que l'énergie circulera en conséquence entre les différents réseaux auxquels j'appartiens. Plus je suis affectivement attachée à un réseau, plus mon énergie s'y déversera.
Lorsqu'on décide de suivre Amma, on rejoint un gigantesque réseau. L'énergie qui circule est intense pour plusieurs raisons. Le réseau regroupe des millions de maillons, c'est énorme. Chacun apporte sa goutte d'eau, au final ça donne des vagues énormes. Les émotions étant exacerbés au sein de l'organisation, les liens sont très forts, très intenses. Amma étant soi-disant un guide spirituel, l'ouverture est grande car on a confiance, on a la foi, parfois même la foi aveugle. On est tellement convaincu que tout cela est bon, qu'on a tendance à désirer que les personnes de notre entourage y adhère aussi, alors on ouvre complètement les vannes. Donc l'énergie qui circule dans le réseau Amma a tendance à se déverser dans tous nos autres réseaux.
Mais il y a des problèmes :
Amma prétend être là pour consoler l'humanité souffrante et donner de l'amour à l'humanité. Donc elle attire majoritairement des personnes en souffrance.
Amma est entourée de personnes en souffrance donc elle attire aussi des égoïstes sans scrupule qui veulent se goinfrer d'énergie en exploitant cette abondante population fragile et naïve.
Amma prétend être capable de soulager les maux de l'humanité souffrante. Mais n'est qu'un humain comme n'importe quel autre. Donc les souffrances des uns et des autres stagnent ou se dégradent, masquées par l'euphorie ambiante.
Les dévots qui ont une certaine volonté utilisent l'énergie et les ressources disponibles dans le réseau pour trouver des solutions, pour progresser et se galvaniser. Ça marche très bien. Ils croient à tort qu'Amma les as guidés et sauvés. En réalité, chacun utilise ce qui est apporté par les autres. Le fait de penser à Amma établit une connexion avec le réseau, mais pas avec elle-même. Il est donc logique qu'on se sente euphorique et que les problèmes semblent se résoudre comme par magie lorsqu'on l'invoque d'une façon ou d'une autre.
Qu'en est-il des assistés qui veulent que leurs problèmes s'envolent par magie? Qu'en est-il des paresseux qui ne veulent pas faire d'efforts pour avancer? Qu'en est-il des faibles qui n'ont pas la force de gérer leurs souffrances? Qu'en est-il des lâches qui n'ont pas le courage de surmonter leurs douleurs? Ces gens là et bien d'autres, déversent leurs miasmes toxiques dans le réseau. Car Amma n'aide personne. Elle promet, elle séduit, elle attire et c'est tout. C'est à chacun de se débrouiller seul avec son "Amma intérieure". Ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas se débrouiller, infectent le réseau.
Qu'en est-il des grands enfants gâtés qui veulent constamment être le nombril du monde? Qu'en est-il des vampires qui veulent siroter à tous les râteliers? Qu'en est-il des loups assoiffés de pouvoirs, attirés par la naïveté de la foule fragilisée par la foi aveugle? Qu'en est-il des psychopathes qui veulent se défouler ou compenser leur frustrations? Ces gens là pompent l'énergie à souhait.
Ceux-là ont un sourire radieux, ils ont une mine éclatante, ils ont une pêche d'enfer, ils chantent sans cesse les louanges d'Amma avec des larmes d'émotion plein les yeux, alors on croit réellement qu'être dévots d'Amma est bénéfique. Ces sangsues nagent en plein bonheur car dans la vie réelle, il leur faudrait lutter contre les défenses naturelles des gens pour pouvoir les exploiter de la sorte. Auprès d'Amma, les gens en souffrance sont généralement ouverts, à genoux, confiants, il suffit de se baisser pour les moissonner.
L'énergie est abondante et intense dans le réseau Amma. Elle est euphorisante et addictive mais empoisonnée. En outre les personnes les plus faibles sont automatiquement draînées, car le réseau est gigantesque donc il requiert une alimentation conséquente. Les plus forts sont capables d'ouvrir et de fermer leurs vannes à souhait, ce n'est pas le cas des plus faibles.
Il est frappant de voir que la majorité des "dévots" se comportent plutôt en touristes. Ils viennent la voir une fois par an. Ils achètent une petite photo ou un petit collier, histoire de maintenir leur connexion. C'est comme si instinctivement, la plupart des gens se mettaient à la périphérie du réseau, en évitant soigneusement de s'approcher du coeur. En restant à la périphérie, on profite d'un peu d'énergie, les inconvénients sont gérables. Plus on s'approche du coeur du réseau, plus l'énergie est intense, plus la toxicité augmente, plus le drainage est fort.
Je connais aussi beaucoup de gens qui s'investissent en pointillé. Ils fréquentent le centre, ils font du bénévolat, aident à organiser sa venue pendant quelques années. Et puis ils disparaissent. On n'entend plus parler d'eux pendant plusieurs autres années. Parfois ils reviennent, parfois ils ne reviennent jamais. L'énergie fait du bien mais la toxicité fait du mal. On peut donc jouer au yoyo pour se refaire une santé entre deux épisodes de "dévotion".
Le drainage fait aussi beaucoup de dégâts. Il mène les personnes faibles à une sorte d'épuisement incompréhensible et impossible à endiguer. Qu'on me croie ou non n'a aucune importance. J'ai confiance en mon expérience. Je suis sûre que beaucoup de malades voient leur état de dégrader à cause du drainage. Tous rendent grâce à Amma en se disant que sans elle ce serait pire, mais on dit la même chose des médicaments qui nous intoxiquent au lieu de nous soigner. Je suis sûre que beaucoup de gens ont des accidents ou meurent prématurément à cause de ce drainage.
Là où ça devient dramatique, c'est que nos autres réseaux sont très fortement influencés par le réseau Amma, car il est ultra-massif et nous sommes ouverts. Même si on ne parle pas d'elle à notre entourage, l'énergie coule à travers nous et atteint plus ou moins les autres. On peut ainsi empoisonner notre entourage à son insu.